La fusée dans le bocal
Ateliers créatifs à Reims, par Soraya Brière

Soraya Brière, ateliers créatifs à Reims

Le vélo électrique


Il était assis sur une roche plate. Cela faisait 10 minutes, peut-être davantage, qu’il était parvenu au sommet. Ce vélo électrique était absolument fantastique ! Il était à peine essoufflé. Il n’avait pas l’impression d’avoir réussi un exploit en arrivant au sommet de la Sainte-Victoire. Il se régalait de cette vue magnifique, de ce paysage nouveau, pour lui qui était originaire de la capitale, donc privé d’horizon au quotidien.

Puis soudain, il commença à s’agacer. Pourquoi ne l’avait-elle pas encore rejoint ? Ce n’est quand même pas compliqué avec un vélo électrique !

Elle arriva enfin. Elle est était littéralement au bout de sa vie ! Ses poumons la brûlaient dans la cage thoracique. Plus une goutte de salive ne parvenait à maintenir la moindre sensation d’hydratation dans sa bouche sèche, si affreusement sèche ! Ses cheveux décoiffés dépassaient piteusement du casque ; son cuir chevelu, trempé de sueur, la démangeait horriblement. Ses jambes, sans force, flageolaient. Elle parvint avec difficulté à mettre pied-à-terre, laissant tomber le vélo. Elle était épuisée. Elle se sentait un peu ridicule, dans cet état, pour leur première sortie cycliste. Elle avait rêvé de l’impressionner, de lui prouver qu’elle aussi avait une grande résistance à l’effort.

Alors, enfin, elle leva les yeux… et le vit, debout sur la roche plate, qui la toisait, telle une petite fourmi fatiguée par son incessant travail de va-et-vient pour nourrir sa reine. La colère se mêlait l’échec. Quelle désastreuse image elle offrait ! Ah, il se retenait sans doute de rire, la voyant ainsi au bord de chavirer ! Elle le regarda dans les yeux : il était si calme, si reposé. Tout l’inverse d’elle. Les larmes de désespoir commençaient à lui serrer la gorge. Elle se détestait. Pourquoi avait-elle accepté cette sortie alors qu’elle déteste faire du vélo ? À cet instant, descendant de son piédestal, il s’approcha d’elle et lui tendit sa gourde. Elle but, les yeux baissés. La honte l’envahissait, l’empêchait de prononcer une seule parole. Ce fut lui qui parla le premier. Des mots qu’elle n’attendait pas, qui la surprirent.

Il s’excusa. Il savait que cette randonnée était d’un niveau trop élevé pour elle. Il avait voulu lui montrer comme il était fort, comme il était sportif. C’était tellement stupide ! Il regrettait de lui avoir infligé cela.

Désormais, il n’est plus jamais question de faire du vélo ensemble, même électrique. Il n’est plus jamais question de se prouver quoi que ce soit. En vacances, il est juste question de découvrir de nouveaux paysages et de s’asseoir ensemble, le temps d’une pause, sur une pierre plate.

 

2L.E


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

Interview radio ICI : L'écriture est un terrain de jeu et d'émancipation

28 Avr 2025

lien vers l'article et l'interview

La Plume, atelier d'écriture pour adultes : texte 1 d'Ellebasy

28 Avr 2025

Longue plage de sable fin. Il marche, là, seul. Il apprécie ce moment de fin de journée. Pas de bruit, plus de bruit. Seul le ressac perce le silence. Il sav...

Le vélo électrique

28 Avr 2025

Il était assis sur une roche plate. Cela faisait 10 minutes, peut-être davantage, qu’il était parvenu au sommet. Ce vélo électrique était absolument fantasti...

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo   |   Site partenaire de Omyzen

Connexion